ASCO GI 2020 : San Francisco nous manquera mais un congrès virtuel riche en actualités !
Lors de cet ASCO GI 2020 de nombreuses actualisations et études ancillaires d’essais déjà présentés à l’ASCO 2020 et/ou à l’ESMO 2020 seront présentées. Il y aura notamment des résultats complémentaires des essais POLO (olaparib en maintenance dans les cancers du pancréas métastatiques BRCA muté), KEYNOTE-177 (pembrolizumab dans les cancers colorectaux métastatiques avec instabilité microsatellitaire) et d’autres essais d’immunothérapie.
La France est à l’honneur une fois de plus avec la présentation de l’étude PRODIGE 28-TIME par Valérie Boige évaluant un traitement d’entretien par cétuximab dans les cancers colorectaux métastatiques après traitement d’induction par FOLFIRI plus cétuximab. Eric Francois présentera les résultats de l’étude NACRE évaluant la radio-chimiothérapie pré-opératoire standard versus la radiothérapie courte chez les patients âgés de plus de 75 ans porteurs d’un adénocarcinome du rectum localement avancé.
De nouvelles études avec des impacts sur nos pratiques seront également présentées comme l’étude GARNET évaluant un nouvel anti-PD1 dans les tumeurs avec instabilité microsatellitaire et rapportée par Thierry André.
Ce vendredi a donc débuté par des données de qualité de vie issues des essais d’immunothérapies dans les cancers oeso-gastriques (Checkmate 577 et KEYNOTE-590) renforçant notre espoir de futures AMM en France. Ce samedi sera consacré aux cancers colorectaux notamment la combinaison trifluridine/tipiracil plus bévacizumab chez les patients âgés (TASCO1).
Le screening FGFR2b intègrera t’il la stratégie des adénocarcinomes œsogastriques HER2-négatifs ? (résultats de l’étude de phase II randomisée FIGHT-NCT03694522)
L’hyperexpression du récepteur 2 du facteur de croissance des fibroblastes, FGFR2, décrite dans 60% des cancers gastriques, est plus fréquente dans les stades avancés et est associée à un pronostic péjoratif. Un de ses variants d’épissage, FGFR2b, est surexprimé dans 3 à 60% des adénocarcinomes œsogastriques HER2-négatifs.
Immunotherapie et cancer epidermoide de l’oesophage: les premiers résultats à long terme
L’étude Attraction-01 est l’une des toutes premières études à avoir testé une immunothérapie dans une tumeur digestive.
Cette étude testait le nivolumab en monothérapie dans une population asiatique atteinte de cancer épidermoïde de l’œsophage.
Qualité de vie et immunothérapie dans les tumeurs oeso-gastriques dans les essais Checkmate 577 et KEYNOTE-590
L’étude de phase III Checkmate 577, rapportée à l’ESMO 2020, a évalué en adjuvant après radiochimiothérapie puis chirurgie, l’intérêt du nivolumab (anti-PD1) chez les patients présentant un carcinome épidermoïde ou un adénocarcinome de la jonction œsogastrique.
En synthèse de cette journée sur le Cancer colorectal : quelques pistes a suivre !
L’oncologie digestive a longtemps été considérée comme le parent pauvre de l’immunothérapie. Cette dernière année a enfin été marquée par l’avènement de cette approche thérapeutique dans plusieurs tumeurs digestives.
C’est le CHC qui a ouvert le bal il y a un an avec l’étude IMBRAVE testant la combinaison atezolizumab/bevaciseumab suivi par l’étude dédiée aux cancer colorectaux métastatiques Keynote 177 et de plusieurs études dans les cancers épidermoïde et adénocarcinomateux de l’œsophage, de la jonction oeso-gastrique et les adénocarcinome de l’estomac.
Lors de cette journée dédiée au cancer colorectal, cet ASCO GI va nous presenter de nouvelles données avec plusieurs communications qui vont être faite aujourd’hui sur le cancer du rectum, ainsi que de nouvelles combinaisons thérapeutiques dédiées au cancer colo-rectaux MSI mais aussi MSS.
Bien qu’aucune de ces études ne permettent de changer nos pratiques, elles ouvrent pour certaines, des pistes interessantes pour le futur. Au-delà des travaux portant sur l’immunothérapie, de nouvelles données sur l’ADN du moral circulant pour nous aider dans la classification moléculaire de nos cancer colo-rectaux ou à rechercher une maladie résiduelle après chirurgie curatrice ainsi que des essais de chimiothérapie avec de nouvelles approches de maintenance seront rapportés.
Le pembrolizumab en 1ère ligne conserve l’avantage pour les cancers colorectaux métastatiques MSI
L’étude KEYNOTE-177 est une étude randomisée de phase III qui a évalué dans les CCRm MSI/dMMR, en 1ère ligne, l’efficacité et la tolérance du pembrolizumab (anti-PD1) par rapport à un traitement standard.
Les dépôts tumoraux une entité à ne pas négliger
Les dépôts tumoraux sont en fait des nodules tumoraux dont on ne peut préciser si il s’agit d’un nodule de carcinose voisin de la tumeur primitive opérée, ou d’un ganglion intégralement envahi par des cellules tumorales et dans lequel on ne distingue plus les structures lymphoïdes habituelles du ganglion.
Adénocarcinomes du rectum : la radiothérapie courte s’impose chez nos patients âgés
L’étude PRODIGE42-GERICO12-NACRE est un essai clinique randomisé multicentrique qui visait à établir la non-infériorité chez des sujets âgés de 75 ans et plus, porteurs d’un adénocarcinome (adk) rectal localisé, entre une radiochimiothérapie type CAPE50 (bras A) (50 Gy, 2Gy/fraction; 25 fr + capecitabine).
Dernière journée de congrès virtuel aujourd’hui avec au programme les cancers hépatobiliaires et pancréatiques et les tumeurs neuroendocrines. Pas de révolution en vue mais des actualisations intéressantes de plusieurs études de phase III ayant déjà changé nos pratiques.
Le programme est un peu comme un tour dans les montagnes russes avec dans les adénocarcinomes pancréatiques une question pragmatique qui résume bien la prise en charge de nos patients : FOLFIRINOX for Everyone ? mais également une actualisation des données de survie globale de l’étude POLO qui avait montré le bénéfice en survie sans progression de l’olaparib (vs placebo), en maintenance, chez les patients porteurs d’une mutation germinale de BRCA. Pour les cholangiocarcinomes, c’est le génotypage moléculaire qui est à l’honneur avec l’actualisation des résultats de l’étude ClarIDHy, étude de phase III ayant montré l’intérêt de l’ivosidenib en cas de mutation IDH1 et avec les résultats de l’étude de phase II évaluant l’infigratinib (BGJ398), un inhibiteur FGFR, chez des patients avec fusion ou un réarrangement du gène FGFR2. Pour les carcinomes hépatocellulaires, traitements locaux et immunothérapie seront à l’honneur avec notamment les actualisations des résultats des études IMbrave150, KEYNOTE-240 et CheckMate 040.
Et pour changer un peu de perspective, vous pouvez écouter la keynote lecture du Dr Robert Winn, director of VCU Massey Cancer Center, adressant la problématique du rôle des facteurs sociaux en médecine et en oncologie mais aussi la prise en compte des communautés dans l’implémentation des données médicales pour limiter la défiance progressive vis-à-vis des discours médicaux.
Le traitement conservateur de l’adénocarcinome rectal cT2-cT3a-b est faisable : premiers résultats de l’étude OPERA
Le traitement conservateur gagne en popularité dans le traitement de l’adénocarcinome rectal car il évite la chirurgie d’exérèse du mésorectum (TME) et parfois une stomie. L’essai OPERA a été initié pour évaluer le rôle de la curiethérapie de contact dans la préservation d’organe par rapport au traitement standard (radiothérapie externe et TME). Ici sont rapportées les données préliminaires des chirurgies de sauvetage pour les échecs de traitement.
TASCO1 : Trifluridine/tipiracil plus bévacizumab versus capécitabine plus bévacizumab dans les cancers colorectaux métastatiques
L’étude de phase II TASCO1, déjà rapportée en 2019, a évalué en 1ère ligne de traitement des cancers colorectaux métastatiques (CCRm), non éligibles à une chimiothérapie « intensive », la combinaison trifluridine/tipiracil (TAS102 à la dose de 35 mg/m² matin et soir) plus bévacizumab (5 mg/kg toutes les 2 semaines) versus capécitabine (à la dose de 1250 ou 1000 mg/m² matin et soir, 2 semaines sur 3) plus bévacizumab (7,5 mg/kg toutes les 3 semaines).
Association pani/nivo/ipi dans les cancers colorectaux RAS/BRAF sauvages MSS : quel avenir ?
Des données précliniques montrent que les traitements anti-EGFR provoquent une réponse immunitaire adaptative spécifique de la tumeur et une apoptose immunogène. De plus, la résistance au traitement par anticorps anti-EGFR est associée à une expression accrue de CTLA-4 et PD-L1. Cette étude est donc basée sur l’hypothèse que l’ajout d’ipilimumab (anti-CTLA-4)
Christelle DE LA FOUCHARDIERE
Centre Léon Bérard, Lyon
Julien TAIEB
Hôpital Européen Georges-Pompidou, Paris
David TOUGERON
CHU de Poitiers