Gestion des effets indésirables des PARPi

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Désormais le recours aux agents thérapeutiques anti-PARP tend à s’élargir sur le plan des indications, à la fois sur le type tumoral (ovaire, et désormais prostate), mais également sur le mode d’administration, en combinaison avec les nouvelles hormonothérapies notamment. Comme pour toute thérapie orale a fortiori, il est essentiel de connaître le profil de toxicité de ces molécules, afin de pouvoir informer le patient, anticiper les effets secondaires et les corriger si besoin.

La majorité des effets secondaires est commune à l’ensemble des inhibiteurs de PARP disponibles : niraparib, olaparib rucaparib, talazoparib. Il s’agit d’effets de classe. Parmi les plus fréquents sont décrits : une toxicité hématologique, hépatique, cutanéomuqueuse, digestive. D’autres effets sont plus spécifiques de la molécule prescrite.

Ainsi, la prescription des inhibiteurs de PARP peut répondre à plusieurs étapes et comporter des bilans spécifiques (Selle F et al. Bull Cancer 2022;109(12):1245-1261) :

  1. L’étape initiation comprendra un bilan biologique avec fonction rénale, hématologique, hépatique ; une conciliation médicamenteuse, essentielle pour prévenir les interactions médicamenteuses, une évaluation de la compliance et observance attendue.
  2. Après instauration, une réévaluation précoce de la tolérance par consultation, ou téléconsultation par le prescripteur, ou une IDE de coordination (ou de pratique avancée, selon les possibilités) est à privilégier. Chez des patients âgés ou fragiles, une évaluation hebdomadaire peut parfois s’avérer utile et souhaitable. L’objectif comme pour toute thérapie orale, est de rechercher l’optimisation thérapeutique permettant une exposition satisfaisante sur le plan de l’efficacité recherchée, et une tolérance optimale, sans réduction de dose excessive, en maintenant – de préférence – la même molécule.
  3. Au cours du traitement, la surveillance sera biologique, notamment hématologique, rapprochée durant le premier mois, puis mensuel puis trimestriel à partir du 3ème Il n’y a pas d’indication aux facteurs de croissance, à l’érythropoïétine, au G-CSF. Toute toxicité de grade 2/3 avec symptômes ou survenant chez un patient avec comorbidités notamment cardiovasculaires impose une consultation dans un délai bref. Une toxicité de grade 2 et plus justifie l’arrêt de l’anti-PARP et la reprise ultérieure à posologie diminuée. La fatigue multifactorielle fera l’objet d’une enquête à la recherche de toute cause pouvant faire l’objet de correction (anémie, carence martiale, hypothyroïdie, altération de la fonction cardiaque). Dans cette logique d’optimisation thérapeutique, certains traitements de support pourront être associés : des antiémétiques de type anti-dopaminergiques, des hypnotiques en courte période pour les troubles du sommeil.
  4. Plus spécifiquement, selon l’agent, devront être réalisés (Prevention et Gestion des effets indésirables des anticancéreux par voie orale. Institut National du Cancer. 2022) : un contrôle tensionnel pour le niraparib, un bilan hépatique fréquent avec le rucaparib, un dépistage de symptômes respiratoires (toux dyspnée) avec l’olaparib

 

Spécificité par molécule :

    • niraparib : contrôle tensionnel, selon recommandations nationales et traitement antihypertenseur (vigilance interaction médicamenteuse vérapamil, diltiazem)
    • rucaparib : bilan hépatique/ 15 jours premiers mois
    • olaparib : dépistage symptômes respiratoires (toux dyspnée), scanner thoracique si besoin (pneumopathie interstitielle)